Interpellation de M. Jacques OBERWOITS, Conseiller MR, au Conseil communal de Bruxelles le 8 novembre 2010 à propos du litige opposant publiquement l’asbl ATOMIA BRUSSELS JEUNES, le Service des Sports de la Ville et l’asbl ATOMIUM.

A l’occasion d’échanges de mails, respectivement les 21.10.2010, 01.11.2010, 02.11.2010 et 03.11.2010 entre Monsieur Olivier DE ROY, Madame Lydia MUTYEBELE NGOI et Monsieur Henri SIMONS, les membres du conseil communal sont pris à témoins du litige qui oppose publiquement l’asbl ATOMIA BRUSSELS JEUNES, le Service des Sports de la Ville et l’asbl ATOMIUM.

Compte tenu de la gravité des accusations qui sont portées et dès lors que la politique des sports en faveur de la jeunesse et les moyens financiers mis à sa disposition sont concernés, je demande au Collège de faire le point de la situation et d’informer le conseil communal de sa réaction.

Tout comme mes estimés collègues du Conseil communal, je suis, bien malgré moi, le témoin du litige virulent qui oppose l’asbl ATOMIA BRUSSELS JEUNES, le service des Sports de la Ville et l’asbl ATOMIUM.

Tout commence par un mail du 21 octobre 2010 adressé par Monsieur Olivier De Roy, secrétaire de l’asbl Atomia Brussels Jeunes et destiné au Collège. Je le reçois en copie.

Dans ce mail, Monsieur De Roy adresse des graves reproches à l’Echevin des Sports qu’il accuse « sous l’éventuel couvert du Collège et de son administration, de faire dramatiquement passer avant le bien-être sportif de plus de 300 enfants et l’inquiétude de leurs parents, – je cite -, sa résolution d’une querelle personnelle ».

A l’appui de ses reproches, Monsieur De Roy produit une correspondance du 19 octobre 2010 qui lui a été envoyée par Madame la Directrice générale du département des Sports qui notifie au club sportif la décision prise par le Collège le 14 octobre 2010 de dénoncer la convention liant les parties, votée par notre Conseil le 16/02/2009, du fait que le club n’évolue plus en division nationale.

Monsieur De Roy conteste également la décision qui aurait été prise le même jour par le Collège de globaliser les dettes et les créances du club et de lancer un appel public pour la concession des buvettes du Palais du Midi.

Monsieur De Roy joint également à son mail un courrier du 19 octobre 2010 qu’il a envoyé à Madame la Directrice générale du service des Sports et par lequel il pose toute une série de questions dont notamment « quelles seront les conditions de subsidiation par la Ville de Bruxelles dans le club de sports de 300 jeunes sans convention ». Il conteste également la régularité de la décision du Collège qui lui a été notifiée.

Ensuite, c’est avec stupéfaction que j’ai pris connaissance le 1er novembre 2010 du mail adressé par notre collègue, Madame Mutyebele Ngoi, à Monsieur De Roy, et réservé en copie aux membres du Collège mais également à un certain nombre de Conseillers communaux.

Ce mail est tout à fait étonnant.

En effet, tout d’abord en ce qui concerne la forme. C’est la première fois que j’assiste à une telle intitiative d’un Conseiller communal, fût-il de la majorité, et à un déballage médiatique aussi nauséabond. Si je m’interroge concernant la légitimité pour un Conseiller à pouvoir agir de la sorte, je suis interpellé par le détail et les précisions fouillées qui donnent l’impression que son auteur agit pour compte du Collège et, plus vraisemblablement, de son Echevin des Sports, Monsieur Manpaka. En outre, Madame Mutyebele fait état de ses connaissances personnelles en évoquant son activité dans un cabinet de la Ville de Bruxelles et les délibérations du Collège…

Comment interpêter cette intrusion d’un mandataire public dans la sphère d’activité et de gestion d’une structure privée, juridiquement autonome et dotée d’organes décisionnels souverains ?

Quant au fond, Madame Mutyebele dénonce la gestion- je cite – « calamiteuse, désastreuse » du club Atomia mais aussi l’utilisation très suspecte des finances du club par Monsieur De Roy.

Ainsi, Madame Mutyebele écrit : « Cher Monsieur De Roy, ma petite enquête me laisse apparaître que vous encaissez beaucoup d’argent et que vous ne payez aucune de vos créances.  C’est pourquoi, je vous demande de m’envoyer par la même voie, avec copie à tous les conseillers communaux, votre fiche de paie ainsi que les avantages en nature (taxables ou non) que vous octroyez à vous et à vos proches dans la gestion de votre club.  Cher Monsieur De Roy, voici 10 ans que vous avez pris en otages les jeunes d’Atomia dans le but de contraindre les autorités politiques à vous verser l’argent des contribuables afin de vous payer ». Comment rester insensible à de telles accusations qui portent sur l’utilisation de fonds publics ?

Pour être complet dans la chronologie des faits, je cite également le mail du 2 novembre 2010 par lequel Monsieur De Roy répond à notre collègue Madame Mutyebele, l’accusant de vouloir aveuglément prendre la défense d’un proche (on peut supposer qu’il s’agit de Monsieur Manpaka) et contestant son enquête qui se base principalement sur des rumeurs, propos indirects et inexactitude en pagaille.

Enfin, pour finir avec les lectures des mails, j’évoque celui de M. Henri Simons agissant au nom de l’asbl Atomium, qui monte au créneau le 3 novembre 2010 et qui interroge le Collège mais également tout le Conseil communal pour savoir s’il doit laisser ou non le club Atomia exploiter l’image du bâtiment de l’Atomium, se demandant si le club va résister à la tourmente économique créée avec une certaine polémique par Madame Mutyebele.

A lire ces mails, vu le caractère très personnalisé des attaques, j’assiste, avec d’autres témoins, à un triste et lamentable règlement de comptes non pas à ok Coral mais bien dans les rangs du CdH.

Manifestement une lutte fratricide oppose certains membres du CdH, puisque je constate que tous les antagonistes qui semblent particulièrement bien se connaître, appartiennent au CdH (Monsieur Olivier De Roy occupait la 19ème place dans l’équipe du CdH aux dernières élections communales), à l’exception bien sûr d’Henri Simons qui est au balcon.

Cette affaire peu reluisante donne une piètre image de cette majorité qui pilote la Ville.

Il est inadmissible que nos enfants bruxellois qui sont désireux de faire du sport soient  pris en otages ainsi que leurs parents. C’est tout proprement scandaleux.

Par ailleurs, je ne peux pas passer sous silence les graves accusations qui sont publiquement échangées et qui nécessitent des réponses précises :

– Le 14 octobre 2010, le Collège a-t-il oui ou non pris les décisions qui ont été notifiées à l’asbl Atomia par lettre du 19 octobre 2010 de Madame la Directrice générale du service des sports ?

Si je me réfère à cette lettre du 19 octobre 2010, je note que le club ATOMIA accuse des dettes pour une somme totale de 59.931,30 €. Cette situation est bien connue de la Ville qui, pour sa part, ne semble avoir marqué aucune inquiétude, se contentant de régler la situation  par voie de compensation avec les subsides alloués annuellement ! Quel modèle de gestion et de mauvaise gouvernance à l’actif de l’Echevin Cdh, compétent en la matière.

Beaucoup plus préoccupant encore. Dans son mail, Madame Mutyebele porte explicitement de graves accusations de détournements de fonds.

– Si un membre du Conseil communal connaît aussi bien les coulisses de cette affaire, je suppose qu’à fortiori, l’Echevin des Sports, qui appartient au même parti que le sien, en a une connaissance plus précise encore, mais alors je me pose la question de savoir pour quelles raisons il est semble-t-il  resté  jusqu’à présent sans réaction, ce qui est tout à fait effarant vu la gravité des faits dénoncés ?

– Comment est-il possible que le Collège puisse faire voter régulièrement par le Conseil communal un subside de 50.000,00 € dont notamment pour l’année 2009-2010 au profit du club Atomia tenant compte des dettes et du grave climat de suspicion qui plane sur le club et son gestionnaire ?

– La ville n’apprécie-t-elle pas la bonne gestion financière de la structure à subsidier avant de décider une intervention en sa faveur ?

En l’espèce se pose le problème du contrôle et de l’évaluation par la Ville du bien-fondé de l’octroi d’un subside et donc de fonds publics ce qui ne peut pas se faire le yeux bandés, de façon automatique et par pure opportunisme.

La situation est grave et ne peut laisser sans réaction les mandataires publics que nous sommes.

Aussi, d’ores et déjà, je vous demande Monsieur le Bourgmestre que notre Conseil communal crée pour la circonstance et de manière exceptionnelle une commission d’enquête comprenant des représentants des partis démocratiques, en ce compris l’opposition, qui sera chargée d’instruire ce dossier, notamment, sur le plan de l’octroi et de l’utilisation des subsides alloués au club Atomia, et de dégager les responsabilités à tous les niveaux.

Jacques Oberwoits